Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Miss Fricadelle dit ce qu'elle veut !
Miss Fricadelle dit ce qu'elle veut !
Publicité
Derniers commentaires
Archives
9 juillet 2010

Des deux maux choisir le moindre ?

Je vous le dis, tous les mois je me gausse. Vraiment. Mais je me gausse jaune.

Je ris d’entendre les journalistes nous rabattre les oreilles tous les mois et tout les trimestres avec ses chiffres du chômage et ces annonces à 2 francs 6 sous : « le chômage reste limité grâce à l’intérim ». Permettez moi de rire messieurs dames !

Les analystes des chiffres (d'une certaine manière approuvés par l'Etat qui bizarrement ne rebondit jamais sur ce genre d'annonce pour rappeler que non, l'intérim ne peut pas être considéré comme de l'emploi a proprement parlé, puisqu'il "précarise") tenteraient’ il de nous faire croire que l’intérim, fait de mission de deux jours à 18 mois est considéré comme une reprise d’emploi stable ?

Attendu que :

  • L’intérim est considéré comme un emploi précaire puisqu’on ne sait pas à chaque fin de mission si on aura du boulot le lendemain, et que la précarité en question est mise en lumière par la fameuse prime de précarité chaque fin de contrat,
  • L’Etat approuve -quand bien même tacitement- de voir ses chiffres du chômage "limités" grâce aux « emplois en intérim »,

peut-on en déduire que l’Etat se félicite de précariser ses citoyens ?

Non parce que soyons honnêtes, l’Intérim, c’est le dernier maillon de la chaine professionnelle, juste avant le demandeur d’emploi qui ne touche pas d’indemnités.

Je résume :

En haut, le CDI, le Graal, sacro-saint contrat qui t’ouvre tant de portes : les congés payés (par anticipation si tu en as besoin), les avantages de l’entreprise qui t’embauche (mutuelle, CE, jours de congés « offerts » par l’entreprise …), la reconnaissance de tes collègues (en CDI, tu fais réellement partie de l’entreprise) mais aussi la possibilité de faire un crédit et des projets, et l’avantage de dormir sur tes 2 oreilles sans te demander ce que tu feras à la fin de ton contrat, puisqu’il n’y a pas de fin prévue à ton contrat (même si personne n'est à l'abri d'un licenciement, on est d'accord).

En dessous, le CDD, qui tend à disparaître : Embauché par l’entreprise pour une durée déterminée, tu bénéficies toujours des avantages de l’entreprise en question, mais attention, tes congés payés, tu ne les auras qu’à la fin de ton contrat, en monnaie sonnante et trébuchante. En attendant, pendant ton contrat, tu sers les fesses et les poings, en espérant pour toi que ton contrat ne coure pas sur 1 an sinon tu fais du 1 an non stop. Bon courage. M’enfin comme tu fais partie de la boite, tu peux toujours essayer de t’arranger avec les RH pour avoir des congés par anticipation.

Enfin, en dessous, les intérimaires. Ce sont les nouveaux CDD, préférés de plus en plus par les entreprises, sauf que tu ne fais pas partie de l’effectif de la boite qui t’embauche. Pas d’avantages en plus, donc et crois-moi, jamais ton agence d’intérim ne viendra te parler du CE qui existe, ou de la mutuelle dont tu peux bénéficier. Non elle ne t’en parlera pas, on sait jamais, des fois que tu voudrais en profiter… De même, les congés payés, c’est à la fin de ton contrat, et là, pas de négociations possible pour les prendre par anticipation. Non Monsieur. Pour les jours « offerts » par l’entreprise, tu poseras un RTT. Oui, c’est fameux RTT qui pourraient te constituer 2 pauvres semaines de vacances si tu restes 1 an.

A cela rajoutes la considération minimale que te portent tes collègues/la Direction/les RH : et bien oui, tu n’es qu’intérimaire, tu ne fais pas partie de l’entreprise voyons ! …

Il est difficile de faire comprendre quel sentiment l’on peut ressentir lorsqu’on est intérimaire.

Bien sûr, il est des personnes pour qui tout se passe bien. Mais au fond, si la précarité n’est pas financière, elle peut devenir une précarité morale : de la distinction entre employés et intérimaires, de ces avantages qui ne sont pas les mêmes alors qu’on est tous dans le même bateau, de cette considération différente, des vacances faites d’intermission, du propre regard que l’on porte sur soi :je suis incapable de décrocher un CDI », de ce dévouement dont on se sent obligé de faire preuve car on espère toujours « qu’ils vont me garder »…

Et puis il y a comme un cercle vicieux de l’intérim, voire même de la précarité : on va de mission en mission, toujours rappelé par l’agence, alors qu’on devrait faire des recherches pour trouver un CDI. Seulement après une journée de travail, ce n’est pas facile de faire des recherches d’emploi, tout comme il n’est pas facile de poser ses 3 pauvres RTT pour passer des entretiens, le reste des congés étant sans soldes (précarité précarité quand tu nous tiens). Et dire ‘non’ à une mission pour se retrouver au chômage parce qu’on a besoin de temps pour trouver un emploi fixe, ce n’est pas une solution envisageable non plus…

Comme je vous l’annonçais, l’Etat qui ne réagit pas lorsqu'on annonce dans tous les médias que l'intérim sauve les chiffres du chômage, c'est un peu comme si l'Etat laissait passer ses citoyens d'une précarité à une autre en te faisant croire que l'intérim t'en sortira. Oui l’intérim c’est bien, oui l’intérim ça dépanne et ça a sa raison d’être dans le monde du travail, mais nous en sommes à un point où l’intérim a besoin d’une législation ou plus souple, ou qui prenne plus en compte les particularités des missions, parce qu’avoir le sentiment d’être un paillasson professionnel, ca va bien un moment...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Ne connaissant pas bien le marché de l'emploi en France, je m'abstiens de donner mon avis, mais il me semble que la situation est pire en Espagne où décrocher un CDI devient juste mission impossible ! C'est terrible de vivre encore comme cela, au début du XXIe siècle !!!
P
Etre intérimaire était déjà très difficile ; maintenant, c'est encore plus invivable. (je le sens dans mon entourage)
Publicité