Je suis une vraie fille !
Ca paraît rien comme ça cette petite phrase lancée en titre de blog.
Et pourtant, il y a de cela encore quelques années, ça n'était pas autant le cas.
Des années de lycée où Jeno et moi écoutions du rock-metalleux bien péchu avec des gens qui crient dedans et qui portent des masquex qui sont supposés faire peur, où elle me fit entrer dans le monde des jeux vidéos (aaaaaah, la prière chamanique lorsque nous allumions sa vieille Playstation pour qu'elle fonctionne et surtout qu'elle ne plante pas alors que ca fait 1h que tu joues et que t'as pas pu sauvegarder), où je n'intéressais pas vraiment les garçons parce que tu comprends, je n'avais pas les cheveux blonds et lisses et que je ne portais pas assez de pull Ralph Lauren et de sacs Longchamps au goût de la population masculine en mocassins à glands du lycée dans lequel j'étais.
Fort heureusement j'avais au moins un décolleté à mettre en valeur, jusqu'à cette année de terminale où mon prof d'anglais me fit remarquer que -pauvre de lui- lorsqu'il venait répondre à mes questions (et donc qu'il me surplombait), il était un peu gêné. Hum.
Disons donc que dans ces années là, à part le fait que je me maquillais un peu, j'avais aucun attrait pour les paires de chaussures par milliers (je suis restée traumatisée peut-être par une paire que ma mère m'avait offerte; des bottines blanches avec du tissu doré. Si, c'est possible !), les habits, les sous-vêtements trop jolis (bon ça c'est arrivé pas longtemps après), les vernis à ongles et la manucure, les sacs à main, et j'en passe...
Mais surtout dans ces années, j'ai connu l'Ex. L'Ex n'aimait pas que je porte du rose (depuis je me suis rattrapée), il n'aimait pas que j'ai des trop gros décolletés, il n'aimait pas que j'ai des jupes trop courtes. L'Ex était plus du genre sportwear, et du coup ca m'a déteint dessus, dans le choix de mes fringues, celui de mes chaussures (il fallait qu'elles soient avant tout confortables... Les talons hauts sont arrivés tard), celui de mes sacs (pratiques d'abord, beaux ensuite). Je sais ce qu'on peut m'en dire : c'était ses goûts, pas les miens. Seulement, quand on vit avec quelqu'un, on prend en compte ses avis, ses choix, et quelque part un peu aussi son mode de vie. J'avoue aussi que ma confiance en moi n'était pas au plus haut, l'acceptation de mon corps non plus (+10kg avant que je ne déménage), et entendre " tu es mignonne, tu es charmante", c'est toujours moins bien que "tu es belle", et ça fait se poser des questions.
Après je voulais rajouter que le facteur pognon rentrait aussi en ligne de compte, mais je me dis que c'est n'importe quoi parce qu'avec trois francs six sous tu peux quand même être girly (la preuve avec ELF). Mauvaise excuse
Et puis un jour je suis partie de chez lui, je l'ai quitté, et j'ai commencé à vivre totalement pour moi, et surtout, à bosser dans un grand magasin avec des réductions sur tous les rayons. Avec un petit salaire, et en vivant toujours chez mes parents, j'ai commencé à me faire plaisir pour de vrai. J'ai commencé à remarqué aussi que je plaisais, et qu'à priori, j'étais pas juste "charmante".
Ensuite j'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit que j'étais belle (comme disait si bien Patricia Kaas), et cela a créé comme un déclic : Voui, être belle aux yeux de quelqu'un, c'est différent d'être mignonne ou charmante. Belle quoi ! Et de belle aux yeux d'un homme, je suis passée belle (enfin presque) à mes propres yeux.
Et j'ai acheté du rose.
Et j'ai mis des décolletés plus souvent.
Et j'ai mis du vernis.
Et j'ai acheté des robes.
Et des talons haut.
Et il m'arrive de me dire que la fille en face de moi dans le miroir est plus pas mal... Donc comme je veux qu'elle le soit encore plus, et surtout pour lutter contre les éventuelles rechutes de confiance en moi, maintenant je craque : sacs, fringues, produits de beauté (par milieeeeeers, n'oublie paaaaaaas, mon petit soulieeeeeeeeeeeeer!), les chaussuuuuuuuuuuuures, et si je m'écoutais j'irais chez le coiffeur tous les mois.
Avec le temps aussi je me dis qu'être une vraie fille c'est aussi d'être et d'accepter ce mélange qui me fais aimer un monde dit "masculin" avec ses films remplis de testostérone, jouer à des jeux en réseau, aimer regarder du foot en mangeant une pizza ou un tandoori (faudra que je vous parle des tandorri), dire d'une fille qu'elle est bonne, placer "bite", "couilles", et "nichons" dans une phrase (je sens les requêtes google arriver chez moi), m'affaler sur le canapé la zappette dans la main les jambes écartés, roter parfois et...
Et je vous ai dis que j'avais trop envie de ce sac Lancel pour Noël ?